La mutation « turquoise » chez les inséparables à cercle oculaire blanc
Sujet compliqué car mutation récente avec toujours quelques interrogations en suspens.
Alors pour commencer, le terme « turquoise » ne devrait pas être utilisé pour la mutation que l’on connait bien et qui a fait fureur ces dernières années. D’une part parce que le taux de réduction de pigment psittacine ne correspond pas vraiment à ce que l’on attend d’un turquoise chez les autres espèces de psittacidé mais également parce que sa transmission génétique et son expression phénotypique diverge également de ce que l’on connait habituellement.
Juste pour rappel, les mutations du locus bleu (aqua, turquoise ou bleu) interagissent habituellement par co dominance en exprimant des phénotypes intermédiaires (AquaTurquoise, BleuTurquoise, AquaBleu). Dans le cadre du « turquoise » que l’on connait bien chez les inséparables à cercle oculaires blancs les choses fonctionnent un peu différemment.
Tout d’abord il semblerait que cette mutation nous vient d’Amérique et est maintenant répandue dans le monde entier grâce à une transmission rapide à la descendance que j’expliquerai ci-après. Je n’en parlerai pas dans ce post mais il existerait également des mutations similaires comme le saphir, le vrai turquoise ou encore l’aqua mais surement encore absent en Europe.
Génétique :
Le « turquoise » serait en fait un phénotype intermédiaire, résultat d’une co-dominance entre deux mutations différentes du locus bleu. Il y a le bleu1 que l’on connait maintenant depuis près d’un siècle chez les inséparables à cercle oculaire blanc et le bleu2 apparu plus récemment a priori en Amérique (également autosomique recessif). Ce bleu2 semble avoir les mêmes caractéristiques physiques qu’un bleu1, c’est à dire qu’elle va également supprimer la totalité des pigments psittacine du plumage de l’oiseau (le jaune, le rouge, l’orange). En accouplant un bleu1 avec un bleu2 (tous les deux visuellement bleu) on obtient donc un intermédiaire par co dominance bleu1bleu2 (« turquoise »).
Dans les faits :
Comme ce turquoise s’est démocratisé et qu’il a fait tourner des têtes, les éleveurs ont majoritairement tous accouplés leur « turquoise » avec des oiseaux bleu afin d’en avoir rapidement dans leur jeune mais sans savoir exactement comment fonctionne cette mutation. L’accouplement habituel que l’on rencontre dans beaucoup d’élevage est bleu1bleu2 (turquoise) X bleu1 qui donne des jeunes à 50% bleu1bleu2 (turquoise) et 50% de bleu1. C’est pour cette raison que l’on retrouve en moyenne dans nos nichées des turquoise et des bleu à égale proportion.
Lorsque l’on accouple deux « turquoise » ensemble :
Bleu1bleu2 x bleu1bleu2 on obtient statistiquement 25% de bleu1 (le bleu habituel), 50% de bleu1bleu2 (turquoise) et 25% de bleu2
Les oiseaux d’apparence bleue qui proviennent de cet accouplement peuvent donc être complètement différents sur le plan génétique puisqu’il peut être bleu1 ou bleu2 sans qu’on puisse faire la différence visuellement. Pourtant, un bleu2 peut faire toute la différence en s’accouplant à son tour.
Exemple : bleu2 (visuellement bleu) X bleu1 (visuellement bleu) = 100% de bleu1bleu2 (turquoise)
C’est avec cet accouplement de deux oiseaux bleus qui permet d’avoir que des oiseaux « turquoise » dans la nichée qu’on a pu arriver à la conclusion que le bleu2 existait.
Exemples d’accouplement :
Bleu1 X bleu1= 100% bleu1
Bleu2 X bleu2= 100% bleu2
Bleu1 X bleu2= 100% bleu1bleu2 (turquoise)
Bleu1Bleu2 (turquoise) x bleu1= 50% bleu1bleu2 (turquoise) et 50% bleu2
Bleu1Bleu2 (turquoise) x bleu2= 50% bleu1bleu2 (turquoise) et 50% bleu2
Bleu1Bleu2 (turquoise) x bleu1bleu2 (turquoise)= 25% bleu1, 50% bleu1bleu2 (turquoise) et 25% bleu2